Tiberius Claudius Nero Drusus (on dira plus volontiers Claude…) naît à Lugdunum (Lyon) le 1er août -10. Il est membre de la famille impériale (Jules César, Auguste, Tibère, Caligula…). Pourtant, rien ne laisse supposer qu’il deviendra un jour empereur: il est bègue, boiteux, fragile et légèrement dérangé… Selon l’historien (rarement objectif) Suétone, sa propre mère le qualifiait de « ombre d’homme, avorton, ébauche de la nature » et se moquait des sottes gens en disant « il est plus bête que mon fils Claude » ! Victime d’un tel ostracisme, il se réfugie dans les études, ce qui lui vaudra sans doute d’échapper aux nombreux assassinats perpétrés contre les membres de sa famille. Il ne représentait en effet pas grand danger !
Son neveu Caligula devient empereur en 37, et lui offre le poste de consul. A 47 ans, c’est sa toute première fonction publique. Caligula est assassiné en 41 par sa propre garde. La légende raconte que, tandis que les soldats impériaux pillent le palais, ils découvrent Claude planqué derrière des rideaux, terrifié. Conscients qu’il demeure un héritier légitime de l’empire, ils le reconnaissent comme empereur, plutôt que d’encourager un retour à la République qui leur serait éminemment défavorable. Une explication plus avantageuse prétend qu’il était pleinement impliqué dans l’assassinat et attendait sagement qu’on vienne le chercher une fois le forfait accompli.
Lors de son règne et malgré son incompétence présupposée, l’empire s’agrandit de sept provinces, dont l’île britannique, qui avait résisté à tous ses prédécesseurs. Il engage aussi d’impressionnants travaux publics dont, vraisemblablement, le Pont du Gard.
Il meurt empoisonné (la mort naturelle n’était vraiment pas à la mode à cette époque…) en 54. Son petit neveu et fils adoptif, le fameux Néron, lui succède.
N’oubliant pas ses origines, il fait accorder en 48 aux citoyens de la Gaule Chevelue les mêmes droits qu’aux citoyens romains ! Lugdunum, reconnaissante, fait graver son discours devant le sénat sur une plaque de bronze gigantesque (500 kgs!). Voici un extrait de ces Tables Claudiennes :
« Quod si haec ita esse consentitis, quid ultra desideratis, quam ut uobis digito demonstrem, solum ipsum ultra fines prouinciae Narbonensis iam uobis senatores mittere, quando ex Luguduno habere nos nostri ordinis uiros non paenitet. Timide quidem, p(atres) c(onscripti), egressus adsuetos familiaresque uobis prouinciarum terminos sum, sed destricte iam Comatae Galliae causa agenda est.«
« Et si vous approuvez qu’il en soit ainsi, que désirez-vous d’autre, sinon que je vous montre du doigt que le sol même qui se trouve au-delà de la Narbonnaise vous envoie déjà des sénateurs, puisque nous avons dès maintenant dans notre ordre des personnalités de Lyon, dont nous n’avons pas à regretter la présence. Timidement, certes, Pères conscrits, j’ai dépassé les bornes provinciales qui vous sont accoutumées et familières, mais c’est ouvertement que doit être plaidée maintenant la cause de la Gaule chevelue. »
Ces tables disparaissent pendant des siècles, mais deux fragments (220 kgs) sont retrouvés en 1528 par un marchand lyonnais lors des travaux de construction de sa maison de campagne. Ils sont exposés au Musée gallo-romain de Fourvière. Une copie est visible en accès libre dans la cour du Musée de l’Imprimerie:
Une rue sur les pentes de la Croix-Rousse rappelle le lieu de la découverte:
Laurent Ajdnik
bonjour Laurent
et merci pour ce passage d’histoire haut en couleur relatant l’histoire d’un homme que rien ne prédisposait à monter au sommet de l’empire romain.
Empereur ouvert érudit et bâtisseur, il a laissé son empreinte sur le territoire qui deviendra plus tard la France.
Encore merci pour cette page d’histoire et à bientôt!!!
Sébastien WIECZOREK
Retrouvé ce mail aujourd’hui, super , car enfin lumière sur les Tables Claudiennes. Extra cette explication, comme toutes les autres d’ailleurs
Le roman ‘I Claudius’ de Robert Graves est remarquable, un ‘autobiographie’ très bien réussit. Il-y-a une film aussi, mais le roman n’a pas était traduit en français.
Ave Laurent !
Mes origines (né à proximité des sources du Tibre), ma longue présence et mon attachement à Lyon, rendent ces informations toujours aussi agréables à relire.
J’avais aussi bénéficié de tes explications lors de l’une de tes visites guidées…
Bravo et merci.
Bonjour,
L’empereur Claude est-il le seul empereur romain né à Lyon ?
QUI peut me donner l’info; Merci à l’avance;
François
Merci Laurent !
Belle histoire dans l’Histoire, qui éclaircit mes connaissances de notre passé.
Avec toutes mes amitiés
Jean-Francisque Léo