Laurent Mourguet naît à Lyon le 3 mars 1769 dans une famille de canuts (ouvriers de la soie). Il commence par exercer lui aussi cette activité mais le chômage qui s’abat sur la ville après la Révolution l’oblige à se reconvertir en marchand, en forain puis en… arracheur de dents !
Pour attirer la clientèle, il présente des spectacles de marionnettes à la mode telles que Arlequin et Polichinelle. Il crée entre 1804 et 1808 son premier personnage: Gnafron, regrolleur (cordonnier) grand amateur de Beaujolais, d’où son imposant nez rouge.
Vers 1808 apparaît Guignol, auquel il prête ses traits et son accent. En s’inspirant de l’actualité, il se fait le défenseur inconditionnel des petites gens qu’il défend contre les puissants: le juge, le gendarme, le propriétaire… Nous sommes alors loin des spectacles pour enfants d’aujourd’hui.
Plusieurs personnages hauts en couleurs viendront par la suite compléter l’univers de Guignol: Madelon, son épouse; Toinon, l’épouse de Gnafron; le Gendarme; Canezou, le propriétaire; le Bailli (juge); madame Quiquenet, la Concierge…
Depuis 1912, un buste de Laurent Mourguet surmontant Guignol, Gnafron et Madelon, est installé à proximité du Métro Vieux-Lyon (vue satellite).
Pour le plaisir de l’accent et du phrasé lyonnais ainsi que pour celui de l’incontournable coup de bâton, voici un petit extrait vidéo intitulé « Guignol et Gnafron contre le pollueur du lac » :
Anecdotes:
- Plusieurs hypothèses s’affrontent quant aux origines de son nom: déformation de « guigner de l’oeil » (regarder en coin) car il surveillait en permanence l’arrivée du Gendarme; hommage à Jean Chignol, contemporain ayant toujours le mot pour rire; référence à la « guigne » (malchance) dont il se plaignait souvent; clin d’oeil à une marionnette italienne baptisée Chignolo; récupération de l’expression ancienne « guignolant » qui signifiait « très drôle »; allusion à la pièce de Dorvigny « Nitouche et Guignolet » (7 janvier 1802)…
- Le catogan, noeud utilisé pour attacher les cheveux, évitait qu’ils ne se prennent dans les fils du marionnettiste.
- Gnafron est inspiré du père Thomas, un des assistants de Laurent Mourguet.
- La date de naissance gravée à l’origine sur le buste commémoratif étant fausse (1760), le 9 a été retravaillé, ce qui explique son décalage par rapport aux autres chiffres.
Laurent Ajdnik
Je pense que traiter certains de nos politiciens de
» guignols » c’est leur faire beaucoup d’honneur !
Amitiés Jo
l
Encore un éclairage nouveau sur l’un des passages de notre histoire. Et un grand merci pour cet enrichissement. En effet, l’on connait souvent le personnage plus que son créateur qui a pourtant donné son nom à de nombreuses rues de notre agglomération ainsi qu’à un collège.
merci Laurent pour cette très belle page de notre histoire!!!