Le contexte historique
La Guerre de Cent-Ans débute en 1337, après la mort de Charles IV de France, dernier descendant direct des Capétiens. Elle oppose deux aspirants à la succession : Philippe VI de Valois, nommé officiellement roi de France, et Edouard III d’Angleterre qui revendique la couronne en tant que petit-fils de Philippe le Bel (roi de France entre 1285 et 1314).
De très nombreuses batailles vont voir s’affronter les deux factions. Pour grossir leurs effectifs, les rois recrutent alors des mercenaires venus de toute l’Europe. Hors des périodes de combats, ceux-ci se regroupent en « Grandes Compagnies » et terrorisent les populations, pillant et violant allègrement.
En 1350, Jean II le Bon succède à Philippe VI, mais il est fait prisonnier (bataille de Poitiers) et emmené à Londres en 1356. Le Traité de Brétigny (1360) permet sa libération contre une rançon de 3 millions d’écus d’or. [Texte intégral]
La bataille de Brignais
A la suite de ce traité, le roi d’Angleterre cesse de financer ses mercenaires, parmi lesquels les « Tard-Venus », un groupe qui sèmera la terreur du Languedoc à la Bourgogne.
Excédé par ces agissements, Jean II le Bon leur envoie Jacques de Bourbon, comte de la Marche et connétable de France (chef des armées du roi), avec 12.000 hommes. La rencontre aura lieu près de Lyon, qui avait attiré les mercenaires par sa richesse.
Les Tard-Venus s’emparent aisément du château de Brignais [Localiser] et repoussent les premières attaques. Des messagers rameutent tous les mercenaires de la région qui se cachent dans les bois pendant la nuit.
Le 6 avril 1362, alors que l’armée royale se prépare tranquillement, elle est assiégée par surprise. 10.000 soldats du rois seront tués et l’armée royale sera ridiculisée. Jacques de Bourbon lui-même y trouvera la mort.
Les suites de la bataille
Durant les années qui suivirent, le pays entier s’organise contre les Grandes Compagnies. Finalement, en 1365, le roi de France convainc le pape Urbain V de financer une croisade contre l’émirat de Grenade. Cette diversion permet de se débarrasser de l’essentiel des mercenaires, heureux de retrouver un financement. Ceux qui restent sont massacrés.
Un des principaux instigateurs de cette répression est Bertrand du Guesclin, lui-même ancien mercenaire ! Il deviendra connétable de France en octobre 1370. Il reste l’un des héros les plus connus de la guerre de Cent-Ans.
Anecdotes
- La guerre de Cent-Ans a duré… 116 années (de 1337 à 1453), entrecoupées de longues trêves, notamment en raison d’épidémies de peste.
- Un autre personnage inoubliable a pris une part active à cette guerre: Jeanne d’Arc.
- Le portrait de Jean II le Bon présenté plus haut est l’une des plus anciennes peintures françaises, et le premier portrait de profil connu d’Europe. Il est exposé au musée du Louvre.
- Les nobles ont toujours cherché à taire l’existence de cette altercation brignairote (on dit comme ça…) pour des raisons évidentes. Seuls quelques rares documents d’époque la mentionnent.
- Pour payer la rançon du roi, le premier « franc » (= libre, noble, diminutif de Rex Francorum) est institué le 5 décembre 1360. Il restera monnaie nationale, d’abord aux côtés d’autres monnaies puis exclusivement depuis 1795, jusqu’au 17 février 2002. Soit pendant plus de 641 ans !
(1) Licence disponible ici.
(2) Licence disponible ici.
Que de pages d’histoire qui sont méconnues…!
merci de fouiller le passé et de le faire connaitre.
Pas lyonnais d’origine, il est très interressant de connaitre ce qui a fait Lyon.
merci
à la prochaine
A.L.
Une page méconnue de l’histoire du lyonnais
merci laurent pour nous l’avoir fait connaitre
sébastien wieczorek
Super cette découverte d’histoire locale et le rappel général de ce conflit dévastateur. Encore une fois grand merci pout tous ces éclairages passionnants, vivants, trés bien présentés et jamais trop longs. Obligé de continuer !!!
Y.Pellenc
Bonjour à tous
et encore merci de toutes ces pages d’histoire et de ces anecdotes sur Lyon; Je ne m’en lasse jamais et me loue du jour où j’ai fait votre connaissance.
Nous avons eu la chance et le plaisir de trouver votre pendant à Paris; un guide passionné et passionnant qui nous a « promené » dans Montmartre et sa colline! un régal aussi grand que nos Traboules.
encore merci et : Joyeuses Pâques !
A.L.
Merci Laurent pour tes patientes recherches qui nous apportent un bel éclairage sur la région.
Bises et un très bon week-end Pascal