Le 24 juin 1894, l’anarchiste italien Sante Geronimo Caserio poignarde Sadi Carnot, Président de la République Française depuis le 3 décembre 1887, lors de son passage sur la Rue de la République à proximité du Palais de la Bourse. Il était venu à Lyon pour assister à l’Exposition Internationale qui se tenait au Parc de la Tête d’Or. Il décédera de ses blessures le lendemain.
Caserio souhaitait sensibiliser l’opinion publique contre les excès des « lois scélérates » récemment votées, après les attentats perpétrés par Ravachol (1892) et Auguste Vaillant (1893), et restreignant drastiquement les libertés individuelles, encourageant la délation, établissant des fichiers policiers recensant certaines catégories de la population, etc.
Rappelons qu’à cette époque, les attentats anarchistes avaient pour but de dénoncer la dangerosité d’un état tout-puissant, en montrant la violence dont il était lui-même capable lorsqu’on portait atteinte à sa suprématie. Max Weber conclura d’ailleurs en 1919: « Le pouvoir politique, c’est le monopole de la violence légitime ».
Jean Jaurès s’était déjà élevé contre ces lois à l’Assemblée Nationale en mars et avril 1894, notamment en dénonçant le financement et l’encouragement des activités anarchistes par la bourgeoisie elle-même via des « agents provocateurs » à des fins de manipulation de l’opinion publique [Texte].
L’attentat fut contre-productif puisqu’une nouvelle loi encore plus répressive fut votée le 28 juillet 1894. Ces lois ne seront abrogées qu’en décembre 1992… Ces événements encourageront les anarchistes à abandonner la « propagande par le fait » pour se ré-orienter vers le syndicalisme.
Sante Caserio ne s’enfuit pas après son crime et hurla à plusieurs reprises « Vive l’Anarchie ! ». Il sera guillotiné le 16 août 1894 à Lyon. Il ne regrettera jamais son acte et refusera de plaider la maladie mentale: « Eh bien, si les gouvernements emploient contre nous les fusils, les chaînes, les prisons, est-ce que nous devons, nous les anarchistes, qui défendons notre vie, rester enfermés chez nous ? Non. Au contraire, nous répondons aux gouvernements avec la dynamite, la bombe, le stylet, le poignard. En un mot, nous devons faire notre possible pour détruire la bourgeoisie et les gouvernements. Vous qui êtes les représentants de la société bourgeoise, si vous voulez ma tête, prenez-la. […] Il n’y a rien de changé en moi et je referais encore s’il était à refaire l’acte pour lequel je vais être jugé.«
Suite à ces événements, on recensa plusieurs actes de violence spontanée contre les ressortissants italiens ou les sympathisants de Caserio.
Anecdotes:
- Sadi Carnot est le seul président français inhumé au Panthéon. Il y repose en compagnie de son grand-père Lazare Carnot, scientifique, général et homme politique français majeur.
- Une plaque commémorative et un pavé rouge inséré dans le sol rappellent le lieu de l’attentat [Localiser]:
Laurent Ajdnik
Méfiez-vous des italiens!
Les origines de toute forme de contestation contre les gouvernants, que ce soit le syndicalisme ou, comme cité, auparavant l’anarchisme, ont souvent de bonnes raisons d’être. Dans ce récit on peut le comprendre. Mais les évolutions et dérives font que ces mouvements n’ont plus grand-chose à voir avec leur fondement. Finalement il semble que la violence des rues nait de la violence des gouvernements. Encore des faits pas si lointains qui nous en apprennent un peu plus sur notre histoire.
Éditer des lois garantissant les droits de chacun ne me paraît violent. Si des individus mal intententionnes ne flouaient pas les autres il n y aurait pas souvent l occasion de légiférer