Le 16 août 1861, l’Académie de Lyon décerne le Baccalauréat ès Lettres à une femme dont la candidature avait été refusée auparavant par l’Académie de Paris. À trente-sept ans, Julie-Victoire Daubié devient la première bachelière de France. Il lui faudra encore plusieurs mois et l’intervention de l’impératrice Eugénie pour obtenir la remise effective de son diplôme.
Bien qu’elle ne puisse pas assister aux cours (l’examen était accessible aux femmes, mais les cours leur étaient encore interdits), elle réussira sa licence ès lettres le 28 octobre 1871 et deviendra également la première femme licenciée.
A l’époque, l’accès au baccalauréat est interdit pour les femmes. Cependant, aucune loi ne justifie cet état de fait. C’est grâce à la politique volontariste de son recteur, Jean-François Petit de la Saussaye que l’Académie de Lyon accepte d’organiser pour la première fois l’examen du baccalauréat pour une femme. Sensible aux idées du saint-simonisme, il était favorable à l’accès à l’enseignement au plus grand nombre et aux plus pauvres.
Julie trouvera également un soutien auprès de l’influent Saint-Simonien François Barthélémy Arlès-Dufour (adjoint au maire de Lyon, co-fondateur du Crédit Lyonnais, initiateur du Canal de Suez, fondateur de l’École Centrale de Lyon et de la Société d’Enseignement Professionnel du Rhône, etc.) qui présenta un rapport favorable au nom de la commission du concours.
Julie-Victoire Daubié, née dans les Vosges en 1824, avait étudié le grec et le latin avec son frère abbé. En 1844, elle écrivit La Femme pauvre au XIXe siècle. Un ouvrage très complet qui reste une référence aujourd’hui encore pour les études sur l’éducation des femmes. Elle remporta pour ce livre le premier prix du concours de l’Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, le 21 juin 1859. Elle est également l’une des premières à prendre position pour le suffrage des femmes.
Elle est l’une de ces pionnières dont la persévérance a permis de faire tomber un des bastions concernant l’éducation des femmes. Il faudra cependant attendre 1924 pour que soient alignées les épreuves du baccalauréat entre les hommes et les femmes.
Anecdotes
- En hommage à la première bachelière de France, l’ancienne chambre de Mme Augereau, épouse du propriétaire de l’Hôtel de Rochechouart, qui abrite aujourd’hui le Ministère de l’éducation nationale a été rebaptisée Salon Julie Daubié.
- Une fresque lui est consacrée dans le village où elle a passé son enfance et est décédée, Fontenoy le Château (Vosges). On peut lire sur le tableau : « Lyon, le 17 août 1861. La femme deviendra dans la société tout ce qu’elle sera capable d’être.«
Marine Giraud
Licences
Toujours très intéressant et agréable d’apprendre quelque chose de plus en 1 minute !
Merci.
Merci, vos articles sont toujours si intéressants !
Jean Ferrat a bien raison « La femme est l’avenir de l’homme »
mais le combat est loin d’être fin. Au travail, mes copains les hommes…
Nous avons vu son village et sa fresque et nous en gardons un tres bon souvenir,il y a toujours à apprendre lorsque l’on sort .
Bravo pour la première Femme Savante en TITRE
aprés la belle cordière
les soyeux ont eu quelques bonnes idées de laisser
briller l’esprit des femmes !!
peut être pour éclipser Paris!
le village de mon enfance, victoire fait partie de ma famille et Fontenoy a bercé toute mon enfance je suis du var mais je pense beaucoup a ce village qui est un peu le mien notre maison est sur la grand rue.
merci tresutile pour les devoir d’education civique
mon village ma famille notre aieule.
L université Claude Bernard lyon1 a donné à l un de ses bâtiments le nom de Julie Victoire Daubier Il y a sept huit ans dans le cadre de sa volonté d afficher une politique plus égalitaire femme homme Vaste programme !
Je ne connaissais pas cette personne ; ravie d’avoir appris à connaître en quelques lignes Mme Daubier ; j’habite près des Vosges en Alsace ainsi j’irai prochainement découvrir son village natal.
Il y a moins d’un siècle que les femmes ont accès au baccalauréat , c’est incroyable !!! Et aujourd’hui , les femmes font tout: études, réussite, travail , enfants , accessoirement vie à 2 , d’où un sentiment de « frustration » pour ces messieurs …..La décadence s’accélère .
Merci pour ces petits moments culturels quotidiens. Diversifiés et toujours bien renseignés. Bel exemple de persévérance, de travail et sans doute de courage face à l’ordre établi pour cette femme. Sans jamais oublier que derrière cette victoire, il y a aussi d’autres personnes,mais surtout tous ceux qui ont osé l’impossible comme ce monsieur Arles-Dufour. Chapeau bas, monsieur, un financier, visionnaire, enseignant et…politique qui a œuvré pour les autres!
Le combat des femmes continue..Tout mon respect à Julie .
Un grand merci aussi..
Une femme inspirante si méconnue ! Si vous souhaitez la découvrir sous un autre angle, j’ai réalisé la BD « un bachelier nommé Daubié » que vous pouvez trouver chez les libraires lyonnais ou bien ici : https://www.epiceriesequentielle.com/actu/70-un-bachelier-nomme-daubie/