Le Musée des Tissus et des Arts Décoratifs [Site web] présente jusqu’au 20 mars 2011 l’exposition: « Quand Lyon dominait le monde ». Sous ce titre alléchant, elle retrace le parcours des soyeux lyonnais aux grandes expositions, de 1798 à 1900.
Cette exposition montre dans un premier temps la présence des lyonnais aux expositions des produits de l’industrie nationale (de 1798 à 1849), réalisées à l’initiative de François de Neufchâteau, alors Ministre de l’Industrie. Le but affiché est « d’exposer et de favoriser l’innovation, l’émulation » (Achille de Colmont, Histoire des expositions des produits de l’industrie française, Paris, 1855, p16). Très pragmatiques, elles récompensent les maisons de soierie innovantes sur le plan technique et mécanique (Jacquard y reçoit la légion d’honneur en 1819); cependant les soyeux présentant des créations trop complexes en ressortent sans succès.
Tout change en 1851, lorsqu’est organisée la première Exposition Universelle à Londres. Les 36 maisons de soierie lyonnaises présentes (sur les 300 de l’époque!) reçoivent une véritable claque, en prenant conscience que la suprématie lyonnaise risque de ne pas être éternelle, car l’Angleterre met tout en œuvre pour la surpasser.
Ainsi, à toutes les Expositions Universelles suivantes, les lyonnais n’auront de cesse de viser l’excellence, en exposant des textiles extraordinaires et fort complexes. On ne comptera plus les productions d’ampleur: 100 000 cartons Jacquard pour le livre de prière tissé de la maison Henry!
L’exposition de Lyon de 1894 voit l’apparition de nouveaux courants dans l’art du dessin: la maison « Les petits fils de JC Bonnet et Cie » présente « les hirondelles ». Réalisé à la demande du couturier Worth (père de la Haute Couture), ce tissu témoigne de l’influence de l’art japonais, ce qui est inédit dans les productions lyonnaises (bien connues pour leurs dessins floraux).
En outre, l’Exposition Universelle de Lyon, située dans le Parc de la Tête d’Or, permettait au visiteur de découvrir tout le cheminement de la soie, de l’éclosion du ver au tissu fini. Cette exposition, du 1er mai à fin novembre, était ouverte tous les jours, de 8h du matin à minuit! L’exposition s’achève en 1900, à Paris, où les lyonnais assoient leur supériorité.
La muséographie est délibérément chargée, mais c’est un émerveillement de réaliser qu’au 19ème siècle, Lyon dominait vraiment le monde…
Hélène Carleschi (Soierie Vivante)
Musée des Tissus et des Arts Décoratifs de Lyon, 34 rue de la charité, 69002 Lyon, Métro Ampère. Tarifs disponibles sur le site web.